Le panthéon vodoun

Sakpata

     Le vodoun Sakpata est très honoré dans la vallée de l'Ouémé et à Porto-Novo. C'est un vodoun dit "de lignage", un ancêtre fondateur divinisé. Il est d’origine yoruba. Le culte de Sakpata fut introduit en pays Fon par le roi Agaja (1708-1732). Selon P. Fatumbi Verger, Sakpata est généralement appelé le vodoun de la variole et des maladies contagieuses, mais il serait plus exact de le désigner comme une divinité de la terre, la variole n'étant que la punition infligée par elle aux malfaiteurs et à ceux qui lui ont manqué de respect.

     La divinité Sakpata dah zodji est une pratique associée à un autel dédié aux sacrifices et libations. La mise en oeuvre de cette pratique nécessite de multiples éléments matériels (animaux, cola rouge et blanc, huile rouge etc...) et la sortie de ses adeptes parés de leurs plus beaux accoutrements. Sakpata "Dieu de la terre, de la variole, de la rougeole et de la varicelle" Sakpata "Ayinon" propriétaire de la terre, est le vodoun le plus craint au Bénin.

     Introduit au Danxomè par les Nago du Nigéria, le culte de cette divinité a été connu d'abord en pays Idatcha dans le Zou nord avant de se répandre dans tout le Bénin. Le Dieu de la terre est une divinité redoutable dont on ose à peine prononcer le nom dans les maisons de peur qu'il n'apparaisse. Sa présence se remarque par des épidémies de variole, varicelle ou de rougeole. Dieu de l'abondance, il est imploré pour de bonnes moissons. Ses adeptes sont appelés "Sakpatassi ou Anagonou". Son symbole est la jarre trouée qui rappelle les boutons et les taches indélébiles laissés par les maladies qui lui sont associées, sur le corps de ceux qui en ont souffert. Les victimes de ces maladies sont enterrées loin des habitations (dans une forêt) sous les yeux vigilants des hauts dignitaires du clergé Sakpata.

     Les Sakpatasì sont aussi connus pour insérer dans leurs danses des séquences où certains d’entre eux, habillés de haillons et marchant à croupetons, exécutent des cabrioles et se roulent par terre en s’aspergeant de poussière.

     Les danseurs démontrent ainsi que le vodoun Sakpata est la divinité de la terre, image de la fécondité parce que c’est de la terre que les hommes tirent leur nourriture, mais aussi image de la mort puisque c’est là que retournent les hommes après leur mort.

     Au-delà de sa fonction d’organisateur de la terre, il est bien une force bénéfique. Il représente sociologiquement un vodoun de lignage. Il déifie un ancêtre, généralement le fondateur d’une lignée. Il peut  être selon le cas communautaire ou clanique, mais jamais national puisque toute famille, celle du maître ou de l’esclave, celle du prince ou du simple citoyen, honore chacune son propre Sakpata, différent de celui des autres du point de vue patrimonial.

     Comme beaucoup de divinités vodoun, type Mami Wata ou Heviosso, sa nature est double.

     Sans prévenir, il déclenche chez ceux qui lui ont manqué de respect une crise d’urticaire. De fait, il est aussi connu pour être le dieu de la variole et des maladies contagieuses. Sakpata qui nourrit l’homme en lui donnant maïs, mil, et toutes les autres graines de la Terre, le punit quand il l’offense en faisant ‘’apparaître sur sa peau le grain qu’il a mangé’’…

     Il joue deux rôles essentiels : donner à l’homme sa nourriture, et gouverner le monde où il vit, y rendant la justice par le jeu de la récompense ou du châtiment.

     En tant que gérant et dieu de la terre, on lui élève des autels à l’entrée des villages et des maisons. Ces autels sont généralement des petits tas de terre, sur lesquels repose une marmite de terre cuite percée de trous.

     Dans le culte vodoun tel qu’il est pratiqué au Bénin, si vous avez affaire à un voleur, on organise une cérémonie pour appeler Sakpata à punir cette personne d’une maladie mortelle.

     Le culte Sakpata est de nos jours très développé sur le Plateau d’Abomey. Il y dispose de nombre de couvents et temples. Les plus célèbres sont entre autres Michai et Hunzinmè à Azali. Hundego, Misinhun, Tesitin, Ganmugnanmu et Anagoko à Hunli. Adohwan à Kpètèkpa. Wanfonde à Adandokpoji. Akpolozun, Ganku et Degui à Ahuaga, Axinajè à Agbangon, etc. Les adeptes ont la liberté de les fréquenter sans discrimination même si chacun est tributaire d’un seul temple.

     Le vodoun Sakpata occupe une place importante et des plus typiques, place redoutable, et qui inspire souvent la peur, ce qui amena d’ailleurs les rois d’Abomey à l’interdire dans leurs Etats et à en chasser les responsables. Du prince nanti au pauvre esclave, via le clergé et monsieur tout le monde, il n’admet à personne d’enfreindre à ses lois. Il suffit de tomber dans ses mailles pour subir la punition conséquente. Sakpata et ses adeptes n’hésitent pas à dénoncer l’inanité du pouvoir.

Source : https://yobode06.blogspot.com/2018/01/celebration-de-la-fete-de-vodoun-2018.html