Le panthéon vodoun

Mamiwata

    Mamiwata est la déesse de la mer. Elle aime le grand luxe et ses adeptes sont les plus parées, les plus belles et les plus parfumées. Elles ne portent que le blanc. Elles sont formées dans des couvents spéciaux, on les appelle les Mamissi. Mamiwata est une divinité aquatique dont la pratique est répandue en Afrique de l'Ouest, du centre et du Sud, dans la diaspora africaine, les Caraïbes, et dans certaines régions d'Amérique du Nord et du Sud. C'est la déesse mère des eaux, déesse crainte des pêcheurs, elle symbolise aussi bien la mer nourricière que l'océan destructeur.

    Le terme de « mamiwata » vient de « ma mi ata » qui veut dire « je ferme la jambe » ou de « ma mi wo ata » signifiant « je ferme ta jambe ». Ce qui veut dire que le « Mamissi » (son conjoint) est soumis à un régime sexuel d’interdit quand il doit recevoir la visite de la sirène qui prend une apparence humaine. Il doit donc «fermer ses jambes » et celles de son partenaire sous entendu s’abstenir des plaisirs amoureux sur le plan physique.

    Mamiwata est généralement décrite comme une femme extraordinaire et très puissante. Elle est décrite comme une femme d'une grande beauté, aux cheveux noirs, bouclés ou crépus qu'elle coiffe avec un peigne d'or. Elle a la peau noire, les yeux grands et brillants, ses vêtements sont à la dernière mode et ses bijoux aveuglants. Ces signes de richesse sont le signe de la nature dangereuse de Mamiwata. Parfois elle est décrite sous les traits d'une sirène mi-femme mi-poisson ou mi-femme mi-serpent. Un grand serpent (symbole de la divination et de la divinité) l'accompagne souvent. Il s'enroule autour d'elle en posant sa tête entre ses seins.

    Son culte varie selon ses initiés, prêtres et adorateurs. Des réunions peuvent avoir lieu, mais elle préfère avoir des rapports individuels avec ses suiveurs. Elle a de nombreux prêtres et médiums qui sont initiés. Les sanctuaires de Mamiwata peuvent être décorés de rouge et de blanc avec des cloches, des sculptures, des icônes chrétiennes ou indiennes, des poupées, de l'encens et des restes de sacrifices précédents. Le rouge représente la mort et la destruction et le blanc symbolise la mort mais aussi la beauté, la création, la féminité, le renouveau, la spiritualité, la translucidité, l'eau et la santé.

    Le culte de Mamiwata consiste en des danses accompagnées de musique. Les adeptes dansent jusqu'à entrer en transe. Elle les possède alors et leur parle. Les offrandes sont également importantes. Elle préfère de la nourriture et de la boisson, de l'alcool, du coca-cola, des objets odorants (pommade, poudre, encens, savon, etc.) ou des biens précieux comme les bijoux et des biens manufacturés.

    On a dit que ses adeptes s’appellent les Mamissi.  Ils sont généralement et le plus souvent des femmes et parfois, plus rarement des hommes. Les Mamissis sont des voyants et peuvent prédire l’avenir. Le Mamissi dispose d’une chambre spéciale dans sa maison. Sur une grande table de la chambre se trouvent des vingtaines de parfums, de poudres blanches, des jouets, des nounours, des fleurs, c’est-à-dire tout ce qui pourra embellir une table et surtout un miroir qui sert à voir des choses mystiques. On peut également trouver sur cette table un trou rempli d’eau embaumée de parfum et de poudre blanche.

    Les Mamissis font de la voyance simple tout en se faisant payer. S’il s’agit d’un « lavage de cerveau » ou d’une purification ou de la libération des esprits mauvais, ils se font payer bien plus cher.

    Le Mamissi fait participer certains de ses adeptes aux cérémonies. Lors des cérémonies, ils entonnent des chants et dansent. L'initié attache un petit pagne tout autour des reins, sur lequel sont imprimés de petits  boutons rouges et blancs à base d'argile.  On immole ensuite un coq ou une poule  dont le sang sera versé sur la tête de la personne concernée. Après, on la lave proprement avant d'entrer dans la cérémonie.  Ils l’accompagnent en chantant, dansant hors de la petite cabane où la cérémonie s’était déroulée. C’est alors la fin de l'initiation. Le candidat doit avoir au prime abord du parfum, poudres, biscuits, bonbons,  œufs,  pintades blanches, dindons, colombes destinés aux enfants.

    Durant la cérémonie, à 23 heures, ils se réunissent pour aller à la plage où ils doivent y être avant minuit. Ils font des offrandes à la sirène. De retour à la maison, les enfants reçoivent leurs cadeaux.

    Le parcours d’initiation prend du temps (plusieurs années dans des couvents). Le postulant acquiert d’abord le statut d’adepte puis celui de maître du fétiche. Il fait ensuite une sorte de voyage chamanique. L’initié acquiert d’abord un don de guérison et à la fin un pouvoir de voyance.

    Les Mamissis, lors des cérémonies, sont toujours en pagne blanc, symbole de la propreté, de la pureté dans le système Vodoun.

    Le Mamissis doit respecter l’abstinence sexuelle après l’acte avec Mamiwata se présentant sous la forme d’une prostituée sinon, il risque l’infécondité. Après l'acte sexuel, elle lui apparaît et lui demande la fidélité et le secret. S'il accepte, la fortune et la santé lui sont accordées, sinon, la ruine s'abat sur sa famille, ses finances et son travail.